[HRP] pour introduire ça en RP, Ici l'histoire d'un écrivain amaknéen prisonnier de son ennui et tentant à tout prix de le fuir par le biais de l'écriture. Déconseillé aux gens qui n'aiment pas lire/réfléchir, si ça plaît d'autres essais de cet auteur seront remis prochainement. [HRP]
... Retour sur les terres d'Astrub, ma source d'inspiration passée, avec certains bruits et odeurs qui ne me manquaient aucunement. Quelques visages singuliers que je suis heureux de croiser à nouveau, et d'autres un peu moins.
L'ennui provoqué par ces longues heures de vide interstellaire sur les plaines d'Amakna me poussa donc à revenir à un vieu reflexe: l'écriture.
Seulement, agacé par les piètres qualités et tournures qu'engendrait ma plume, je décidai aujourd'hui de m'adonner à une nouvelle technique, plus personnelle cette fois. Cette technique est poussée par un raisonnement logique et simple: Puisqu'il n'y a que très peu de chances pour que mon récit soit découvert un jour (de mon plein gré en tout cas), pourquoi dois-je m'efforcer de le rendre clair, captivant et concis? Puisque mes ouvrages ne reflètèrent aucun intérêt de la part de mes congénères amaknéens, désormais, je n'écrirai plus que pour moi.
Certaines personnalités mondaines rencontrées sur les îles me rapportèrent et confirmèrent l'intérêt que l'auto-écriture pouvait susciter pour un être prisonnier de ses propres barreaux, et surtout, le gain de liberté gagné à se séparer de l'éxigence littéraire de la population mécréante, qui préfère aux contes autobiographiques et philosophiques les vieux récits de guerres ou de héros fictifs.
Alors à quoi bon la contrainte d'un style recherché, d'effets renversants (il faudrait en plus, pour se faire, que ma vie soit dotée d'épisodes tout aussi renversants...)? Tout ça, pour moi, c'est terminé. Ne resterons entre ces lignes que moi, mon esprit, et l'ennui dont le besoin d'assouvissement oblige à la rédaction. Plus besoin de grandes tirades ou de pompeuses morales philosophiques, tant que ma plume continuera de glisser sur ce parchemin, tenant ainsi en déroute la lassitude trop encombrante de mon quotidien rébarbatif.
Au final, voilà peut-être une bien belle méthode. Plutôt que de s'obliger à faire bien, attelons-nous donc à faire mal, ou alors, juste à faire, autre chose que du bien ou du mal. Mais puisque je n'arrive à rien en tâchant de faire du beau, du riche ou profond, peut-être devrais-je arrêter ces tentatives stupides et désespérées de reconnaissance et me focaliser sur l'aspect le plus pur, brut et passionnel de mon ouvrage: écrire, tout simplement.
Ainsi naquit sous le beau ciel couvert d'Astrub " l'atelier d'exercice à la médiocrité entraînant par cela-même la disparition de la sensation d'ennui ".
Puisque les grands de ce monde ont réalisé des prouesses quasi-miraculeuses qui nous ont plongé, nous, le commun des mortels, dans un tourbillon de complexes d'infériorité, d'impuissance et d'inutilité,
Puisqu'on nous oblige à gravir une à une jusqu'à épuisement les hautes strates de la qualité et de la mondanité,
...Et bien il sera ici question de faire l'inverse. Ou en tout cas quelque chose de différent. Car pour cesser de s'ennuyer, il faut cesser de s'ennuyer des autres, et si l'on fait comme les autres, on s'ennuie donc de nous. S'ennuyer des autres mais faire comme eux, c'est commencer à s'ennuyer de soi.
Me voici donc, dans l'exploration de ces nouvelles techniques d'écriture, libéré de toutes contraintes ou lois dont je ne me serais volontairement affublé. Que l'envie me prenne d'outrepasser la grammaire: plu rien me ne reutiain, pamème la dissipline deuma lengue.
Mais... Et après?
Depuis que j'ai réalisé qu'il ne suffisait pas d'écrire bien, mais juste d'écrire, la pratique de cette méthode me paraît inutile, désuete, et donc... Ennuyeuse.
La boucle étant bouclé, le cercle vicieux effectif, la lame à double-tranchant aiguisée, le chasseur chassé, il m'apparaît alors clairement le vrai visage de cet ennui que je fuis, ou contre lequel je lutte (car il m'est impossible de savoir si mes efforts appartiennent au domaine de la course ou de la lutte).
Tout ce qu'il m'est donné d'affirmer maintenant, c'est que plus l'on se débat pour fuir l'ennui, plus il s'installe facilement lorsqu'on baisse sa garde.
l'individu lambda n'est après-tout pas une forme d'énergie inépuisable. A un moment ou un autre (qui varie en fonction de tout un chacun), il se retrouve à court de stratégies visant à son occupation, et il se surprend donc à ne rien faire.
A cet instant précis, si l'ennui consistait à la prise de conscience de la mort (comme le dit si bien un certain philosophe que nous connaissons tous et dont je tairais donc le nom), Lambda ne tarderait pas à voir arriver une gigantesque vague immonde et nauséabonde, nocive, toxique, mortelle, qui déferlerait sur son crâne désespéré, épuisé, ô grande accumulation de toutes les fatalités sordides dont il a cru pouvoir se soustraire en ne voyant pas même sa propre vie défiler à force de chercher quelconques occupations (il faut donc croire que ce n'est donc pas un hasard si la vitesse est devenue une mode dans notre monde).
De ce fait, je ne pense pas que chercher une occupation soit une solution efficace face au poids que pèse notre propre mortalité (et donc notre ennui, comme dit plus haut).
Si tout ce que nous avons crée n'est qu'une réponse à notre peur de mourir (et donc de nous ennuyer, vous comprenez le principe à force), alors je dis que nous vivons dans une illusion à échelle mondiale.
Aussi rapide que pourra faire un être, jamais il ne pourra se soustraire, ni courir plus vite ou loin que ne l'a décidé sa propre mort. Au contraire, il ne fait que se hâter vers sa fatalité, sans même prendre le temps de jouir de la vie, ce sursis trop court qui nous est remis.
Et si finalement la solution face au temps, donc l'ennui, donc la mort, était de prendre le temps ? D'accepter l'ennui, et donc de prendre conscience qu'il faudra bien mourir un jour ? Libéré de ma course perdue d'avance contre l'immuabilité de la Mort, je trouverai dans l'ennui la pleine mesure de mon bonheur. Que Xelor ralentisse le temps, l'arrête même, et il me donnera la sensation de vivre éternellement.
Se laisser aller, indépendament du temps, des gens, du monde, et de toute forme d'obligation, et se réjouir des finalement trop rares moments qu'on nous laisse pour faire face seul à notre propre "(in)temporalité", voilà le véritable sens du mot écriture.